Cette histoire se passe dans les monts d'Arrée.
En ce temps là les korrigans étaient encore nombreux à se montrer et les habitants du coin les connaissaient
assez pour savoir s'en méfier, mais malheur à l'étranger qui ne savait écouter les conseils des anciens...
Un homme, sa femme et leur fils arrivèrent en ce pays afin se s'y installer car la terre était fertile et encore vierge
de cultures. ls trouvèrent un endroit sur le versant d'une colline pour y construire leur chaumière. A cent pas,
l'homme se dit que le sol serait idéal pour son blé, alors il commença à labourer la terre.
Cachés dans les fourrés, deux korrigans observaient l'homme de leurs yeux malicieux. Il s'approchèrent de lui et lui dire " :qu'est ce que tu fais là ?"
- Je laboure ma terre..., répondit l'homme tout de même étonné de voir ces fameux korrigans.
- Pourquoi donc ? demandèrent ces dernier d'une seule voix.
- Pour y semer du blé...
- Et bien nous allons t'aider !"
Le paysan n'eut pas le temps de reprendre son souffle que les deux korrigans étaient déjà au travail et labouraient le champ
à une telle vitesse qu'il était impossible de les suivre des yeux... et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire,
le champ était labouré et les korrigans disparus.
Quand sa femme le vit rentrer plus tôt elle le questionna et il lui raconta son aventure. Quelques temps plus tard,
quand la saison fut bonne pour semer, le paysan se rendit à son champ pour y travailler.
Il commença alors à semer son blé mais dix korrigans le regardaient depuis les fourrés et vinrent le trouver :
"Qu'est ce que tu fais là ?"
- Je sème mes grains...répondit il.
- Pourquoi donc ? demandèrent-ils d'une seule voix.
- Pour récolter du blé...
- Et bien nous allons t'aider !"
Et comme naguère, les dix korrigans se jetèrent sur le sac de grain et le paysan n'eut le temps que
d'apercevoir des formes défiler sur son champ puis disparaître tout aussi vite : le champ était semé...
Le voyant de nouveau rentrer plus tôt, sa femme l'interrogea et quand son mari eut fini, elle lui dit combien elle s'inquiétait
car jamais les korrigans n'étaient intervenus dans la vie des hommes sans raison...
Mais l'affaire fut de nouveau oubliée et quelques mois plus tard, alors que le soleil faisait resplendir les collines et ses buissons d'ajonc,
le paysan vint voir son fils et lui demanda d'aller au champ afin de lui rendre compte si le blé était bon à récolter.
Le jeune homme arriva donc au champ. En voyant combien le blé était doré et les grains appétissants, il se dit qu'il était bon à récolter.
Mais avant de repartir, il entra dans le champ et cueilli quelques germes à se mettre sous la dent.
Cent korrigans étaient cachés dans les fourrés et avant que le fils ne reparte, ils s'approchèrent et lui demandèrent d'une seule voix :
"Qu'est ce que tu fais là ?"
- Heu..., je goûte le blé de mon père, répondit-il.
- Pourquoi donc ?
- Pour savoir s'il est bon à récolter...
- Et bien nous allons t'aider !"
Le jeune homme, avec encore à la main ses quelques grains, vit la troupe de korrigans se précipiter sur le champ
et encore plus vite que l'éclair au soir d'orage, le blé beau et tendre et la troupe avaient disparus.
N'en revenant pas, le garçon resta longtemps sans bouger car il redoutait de retourner chez lui pour raconter ce malheur.
Cependant, le père qui trouvait que son fils était bien long, arriva. Quand il vit le champ dévasté et son fils
avec encore à la main les quelques grains de blé, il entra dans une terrible colère et attrapa son fils pour le battre.
Mille korrigans dans les fourrés observaient la scène et demandèrent d'une seule voix :
"Qu'est ce que tu fais là ?"
- Je bats mon fils ! répondit l'homme en levant la main une nouvelle fois sur son fils qui criait.
- Pourquoi donc ?
- Il a laissé ce malheur arriver et me voilà ruiné...
- Et bien nous allons t'aider !"
Le paysan eut alors juste le temps d'ouvrir la bouche pour parler mais les mille korrigans étaient déjà sur
son fils et le pauvre ne put résister bien longtemps.
La mère intriguée par les cris et le bruit, arriva près du champ et n'aperçu que son fils allongé et sans vie.
Elle se précipita vers lui et se mit à pleurer sans pouvoir s'arrêter.
Dix milles korrigans étaient là dans les fourrés et demandèrent d'une seule voix :
"Qu'est ce que tu fais là ?"
- Je pleure toutes les larmes de mon corps, répondit la mère entre deux sanglots.
- Pourquoi donc ?
- Mon fils est mort...
- Et bien nous allons t'aider !"
Et aussitôt dix milles korrigans se mirent à pleurer toutes les larmes de leur corps et ils pleuraient tant et si bien
que le flot de leur larme dévastait tout sur son passage et bientôt il ne restait plus rien :
plus de chaumière, plus de champ dévasté et plus de famille éplorée, rien...
Cette histoire souvent depuis est racontée et personne n'a de nouveau osé s'installer sur ces Monts d'Arrée...
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